The night of prohibitions || Jean

The Cinema's Concert. Un cinéma. Une boite de nuit.
Il est une heure du matin. La piste de danse est bondée. Tous dansent, se déhanchent, se balancent au rythme des basses, au son des guitares.
La musique jaillit, fuse, devient l'apothéose dans une explosion de notes, à s'en péter les tympans.
Au milieu de la piste, elle danse. Elle danse comme si sa vie en dépendait, elle danse sans voir tout ce qu'il y a autour d'elle, juste ses pas comptent.
Les spots la mettent en valeur, rehaussent ses boucles cuivrés d'une lueur argentée. On ne voit qu'elle. Elle ne voit rien.
Comment est-elle arrivée dans cette boîte de nuit ? Elle ne s'en rappelle plus. Enfin si, mais elle n'a pas envie de s'en rappeler. Il faut juste se concentrer sur le rythme, sur les sons, sur ses gestes, qu'elle soit la plus belle, la plus douée.
Les projecteurs clignotent. Les basses résonnent, tel les battements du coeur. Boum, la boite est plongée dans le noir. Boum, elle se retrouve verte. Boum, noir. Boum, bleu. Ainsi de suite.
Lys ouvre les yeux. La musique s'est ralentie, la laisse respirer. Elle balance des hanches, lentement, essayant de ne pas tituber. Elle a trop bu, elle a bu pour oublier sa dispute avec Jason, sa dispute avec le monde.
Lys Patterson a envie de faire la folle, de ne pas savoir où elle est, de se réveiller totalement paumé dans un endroit qu'elle ne connait pas, de boire à en tomber, de se shooter à en faire un Bad trip. Envie de redevenir celle qui sommeille en elle, La vrai Lys. Envoyer valser tout les interdits, en l'espace d'une soirée. Faire l'amour jusqu'à en plus soif. Courir à travers le Bronx, à moitié nue. Danser sur Manhattan devant tout l'Upper East Side. Rire des clochards, lancer des cailloux dans les vitres des banques. Insulter les policiers.
Toutes ses choses qu'elle rêvait de faire, en cet instant même. Se sentir vivante. Dire oui à la terre entière.

● Messages : 64 ● Date d'inscription : 01/07/2009

Est-ce un fantôme que j'aperçois sur la piste de danse ? Une quelconque dame blanche que l'on aurait invoqué ?
Non, ce n'est que Jean, toute de blanc vêtue qui se trémousse avec une élégance digne d'une reine. Mais de toute façon, n'est-ce pas ce qu'elle est ? Les gens s'éloignent quand elle s'approche. Elle règne sur la boite de nuit. "Elle règle" ou "Elles règnent" ? Parce que Ruby n'est pas seule, non. Dans son dos, Lys Patterson danse avec elle, sur un rythme endiablé.
Leurs bras fendent l'air tandis qu'elles tournent sur elles-mêmes.
Prédatrices sauvages que rien ne peut contrôler.
Les heures s'écoulent, entrecoupées de coupes de cocktail, de verre d'alcool, plus ou mois forts selon les moments.
Décadence est le maître du jeu, danser, boire, s'amuser, en voilà les règles.Matériel n'importe quoi, ou n'importe qui fera l'affaire. Les participants sont celles que j'ai cité tout à l'heure...
Un fou rire si soudain qu'absurde prit d'un seul coup nos deux Kappa, une idée les avaient prise, et elles en ricanaient d'avance...
Devenu ombre parmi les lumières, Jean se sépara de sa compagne, avec pour direction le bar. Ce n'était pas pour se servir un énième verre non, mais de loin c'est ce que l'on aurait pensé. A tord, s'entend. Puisque une fois arrivée, elle posa son genou droit sur l'un des tabourets, s'agrippant à son dossier pour se surélever et ainsi poser son pied gauche que le siège voisin. Rester les jambes écartées debout sur deux tabourets n'était pas une pose des plus glamours, et Jean s'empressa de monter sur le bar qui lui tendait les bras.
Séduction.
La jeune femme se mit alors à défiler, prenant bien soin de regarder chaque homme de la salle dans les yeux. Elle croisa aussi celui de Lys, mais il n'avait pas la même signification, bien heureusement...
Un léger clignement d'oeil, comme un geste de complicité entre deux vieilles amies. Ce qu'elles n'étaient pas, au demeurant. Mais leur lien avait quelque chose d'exaltant que je ne saurais décrire.
Aurais-je moi-même trop bu ?

La danse est la décadence des sons. Les sons passent et repassent, sans repos ni blanc. Les danseurs se déchaînent.
Puis un petit moment de répit, les techniciens installent la scène. Un petit groupe, quatre mecs, et le son recommence. Le son résonne, la musique joue avec la voix du chanteur. Les notes fusent, les guitares s'enflamment.
Tout n'est que décadence.
Lys n'est pas seule. Il y a aussi l'autre. L'autre Kappa, qu'elle ne connait que de nom. Celle qu'on dit atteinte de folie douce. Mais si, vous savez bien, Jean Stevenson.
Et elles rient, à gorge déployée, sans notion de temps, sans se soucier de ce qui leur entoure. Les verres s'enchaînent et les deux filles deviennent les meilleures amies du monde. Quel régale de régner sur l'apothéose. Quel délice de se sentir choyée, regardée et admirée. De sentir son cœur battre au même rythme que les basses.
La blonde commence un numéro, prend ses grands airs, joue le jeu. Ohhh qu'elle est belle, avec sa robe blanche, ses cheveux blond platine, sa démarche chaloupée. On dirait une poupée. Une jolie poupée de porcelaine. Que tout le monde voudrait embrasser et prendre dans les bras.
Je veux la prendre dans mes bras !
C'est tellement bien d'être bourrée. Tout le monde est si gentil, le monde est si doux. Les choses sont si faciles.

- Vous m'aimez bien n'est-ce pas ?

S'approchant du bar, elle vacille, ses talons hauts peu pratique et s'effondre dans les bras d'un bel homme, qui regardait le numéro de mannequinat de sa copine. Elle approche sa bouche de la sienne, et le regarde avec des airs qu'elle veut sensuels, mais qui ne sont que enfantins.

- Tu m'aimes bien toi hein ? Tu vois la fille sur le bar... C'est... C'est Ruby ! C'est ma... c'est mon amie hein Jean...

Se retournant vers ladite Jean, elle se lâche; oublie où elle est, oublie qui elle est.

- Jean chérie ! Tu es belle mon coeur ! Belle comme un coeur. Tu... tu es la princesse et ... et moi je suis la reine ! Hurle-t-elle, totalement éméchée.

Et elle rit, la belle, elle rit à gorge déployée, elle rit de sa stupidité, de la stupidité des gens. Le son reprend, elle se remet à danser, oublie Jean, oublie le bar, regarde le groupe de rock qui continue leur concert. Quel beau chapeau il a, le chanteur. Et quel homme...
La blonde est descendue de son piédestal et se remet elle aussi à danser, à ses côtés. Mais pourquoi elle aussi est blonde ? Elles le sont toutes ou quoi ?

- J'aime son chapeau, qu'elle dit, à l'oreille de sa compagne. Quel beau chapeau !

Je veux son chapeau, et la voilà qui s'avance vers la scène, ayant retrouvé l'équilibre et la sensualité. Elle monte sur la scène, glisse sa main sur la taille du jeune homme, l'autre dans ses cheveux. Elle l'embrasse, sensuellement, et la musique s'arrête. Le silence tombe et il n'y a plus qu'eux deux. Elle se colle à lui, attrape son chapeau, le pose sur sa tête et redescend, heureuse de l'avoir mis dans un tel embarras.
Cela lui va tellement bien les chapeaux...

» Jean... Jean ? Jean ! Jean.