When a star ignites, it is the new friendship which begins...

Quand elle se réveilla ce matin-là, Calypso se sentait étrangement bien. Oui, étrangement, car toute personne qui se respecte sait que l’une de ses faiblesses est de n’être pas du matin. Les oiseaux qui chantent, très peu pour elle. Elle a tendance à considérer ce passage comme une torture quotidienne. Et pourtant, à ce moment précis elle y croyait presque. Le soleil levant illuminait sa chambre d’un sentiment qui ressemblait à de la joie. Quand ses pieds touchèrent le sol, elle fut surprise de constater que pour la première fois depuis longtemps, elle ne ressentit aucun étourdissement. Mais sa plus grande surprise fut de découvrir que son réveil affichait l’heure à laquelle elle devrait déjà être partie.

Il lui fallut une fraction de secondes pour comprendre que toute cette folle joie n’était pas due à un simple coup de chance matinale. Elle avait juste dormi 1 heure et 20 minutes de plus. Elle courut jusqu’à la salle de bains où elle se brossa rapidement les dents tout en essayant de remettre de l’ordre dans ses cheveux. Elle enfila la première robe venue et mit à son cou le lourd collier ethnique dont sa mère avait récemment fait l’acquisition et que Calypso avait gentiment piqué. La robe était si longue qu’on ne voyait même pas les sandales qu’elle avait mit à ses pieds. Elle attrapa son sac à franges et y déposa ses cours. Elle prit également le projet de dessin à rendre pour le lendemain et qu’elle n’avait toujours pas terminé. Elle jeta un bref et ultime coup d’œil à son reflet dans le miroir avant de cacher son visage tout fraîchement réveillé derrière de large lunette mouche griffée. Son look du jour aurait pu être qualifié de « bobo chic », mais Calypso n’avait pas le temps de s’étendre sur le sujet. Déjà, elle avait quittée sa chambre et marchait de vive allure vers son cours.
En traversant sa confrérie, elle ne croisa pas beaucoup de lambda. Son retard de 30 minutes y était sûrement pour quelque chose. Le campus lui parut presque désert. En arrivant, on lui fit comprendre qu’il était trop tard pour rejoindre sa classe. Tant pis pour le cours de japonais. Elle se dirigea vers la bibliothèque, endroit qu’elle aimait beaucoup pour la tranquillité qu’il lui avait apporté le peu de fois où elle avait eu l’occasion d’y travailler. Elle n’avait pas l’habitude d’y venir en partie car c’est un endroit qui est habituellement plutôt réservé aux personnes solitaires désirant le rester, et puis aussi parce que pour l’instant, elle n’avait pas eu beaucoup de temps. Des liens d’amitié s’étaient créés entre elle et des filles de la confrérie et elle adorait passer du temps avec elles. Elle consacrait également beaucoup de temps à l’élaboration de pièces pour sa collection. Elle voulait absolument mener ce projet à bien car elle avait donné tant d’énergie que ce soit dans la création sur le papier, dans la recherche de matières, de tissus et dans l’assemblage final du vêtement. Elle souhaitait vraiment que le résultat soit parfait.

La bibliothèque était vide. Elle s’assit dans un coin qui ne lui semblait pas trop sombre et déposa sans grande finesse son sac sur le bureau. Elle soupira bruyamment et posa sa tête entre ses coudes. Si seulement, un miracle pouvait se produire pour qu’apparaisse devant elle un chocolat chaud. Cette boisson lui avait toujours parut réconfortante. Elle releva la tête et regarda le ciel par la fenêtre. Il était clair, bleu clair, aucun nuage et le soleil rayonnait. Finalement, elle ne voulait plus de chocolat chaud. Elle voulait un diabolo cerise. Oui, un diabolo cerise comme quand elle se rendait en France pour... . Elle fut brusquement tirée de ses rêveries par le raclement de gorge de la bibliothécaire qui avait très bien compris que Calypso, tout du moins son esprit, était partout sauf ici. La jeune fille lui adressa un sourire d’excuse et sortit son matériel de dessin et son début de dessin. Elle le contempla longuement et le déchira. Elle sortit une nouvelle feuille, et, la consigne étant très vaste, elle décida de le recommencer mais cette fois, elle se mit au défi d’utiliser le fusain. Elle fouilla de fond en comble son sac pour mettre la main sur la photographie qui lui servait de modèle. En vain. Dans la précipitation, elle l’avait oubliée. Elle grogna intérieurement mais ne laissa pas la panique la gagner. Elle se convaincu qu’elle pourrait en trouver une autre ici. Le seul critère étant d’utiliser une photographie ancienne, elle ne devrait pas avoir trop de mal à en trouver une. Elle se leva et alla se renseigner auprès de la bibliothécaire pour savoir où étaient rangés les ouvrages avec des photos comme elle en cherchait. Celle-ci lui indiqua l’emplacement puis retourna à ses occupations. Calypso se dirigea vers l’endroit indiqué et feuilleta plusieurs bouquins dans l’espoir d’y trouver l’image parfaite. Au bout d’une dizaine de minutes qui lui parurent comme une longe heure sans résultat, elle se résolut à arrêter sa recherche presque impossible et prit un ouvrage qui ferait l’affaire. Elle n’avait pas eu le temps de regagner sa place quand la sonnerie retentit. Elle soupira, prit ses affaires, demanda l’autorisation d’emprunter le recueil de photographie ancienne qui lui servirait pour son dessin, avant de rejoindre rapidement son prochain cours. Un retard lui avait suffi !

Le reste de la matinée se déroula sans encombre mis à part quelques regards inquisiteurs de la part d’élèves curieux qu’elle envoya balader par un de ses regards qui dit tout. Au déjeuner, elle mangea entourée de ses amies, puis s’éclipsa afin de rejoindre pour la seconde fois de la journée la bibliothèque. Le peu d’élèves présents furent étonnés de la voir ici mais ils ne le montrèrent pas. Elle s’installa à la même place que plus tôt dans la matinée et commença son dessin. Elle était tellement concentrée qu’elle ne vit pas défiler les heures. Elle aurait pu rester là, dans son monde, sans prendre compte du temps, si elle n’avait pas senti une présence auprès d’elle. Elle ne bougea pas et continua son travail à présent presque terminé tout en sachant que quelqu’un regardait attentivement ce qu’elle faisait, assis sur une chaise à côté d’elle. Elle releva la tête pour voir de qui il s’agissait. C’était un garçon dont le visage ne passait pas inaperçu mais dont elle ne se rappelait pas. Il avait l’air de réellement s’intéresser à ce qu’elle était en train de faire et ça lui fit plaisir. Lorsque son regard croisa le sien, elle lui sourit. Un vrai sourire, franc et pas le moindre du monde timide. Elle orienta son dessin vers lui et il lui sourit à son tour. Il observa de nouveau son dessin durant quelques secondes et releva la tête vers elle.

- C’est vraiment très beau ce que tu fais, presque aussi beau que l’original ! Tu es très douée !

Puis il rigola. Ce n’était pas un rire moqueur mais plutôt un rire de soulagement et léger. Elle mêla ses rires au sien. Quand cette brusque agitation se termina, elle haussa les épaules légèrement et lui répondit en le regardant avec une petite étincelle dans les yeux et un grand sourire :

-Si tu le dis … En tout cas, ça me fait plaisir.

Les mots lui sortirent avec sincérité. Elle n’avait pas envie de jouer le rôle de quelqu’un d’autre. Elle voulait juste être honnête. Les compliments du jeune homme l’avaient flattés et elle ne s’en cachait pas. Quand à la qualité de son travail, elle avait toujours eu du mal à avoir confiance en ce qu’elle faisait. Il pouvait être certain qu’elle n’utiliserait pas ses paroles pour se vanter.

Durant quelques secondes, la bibliothèque lui parut habitée par les légères brises d’un vent frissonnant. Comme si les murs s’étaient envolés pour laisser place à un jardin. Un grand jardin, sans un bruit, sans souffle, sans mots. Cette étrange impression de fraicheur lui procurât des frissons et sa robe qui lui avait semblé jusqu’à là utile, rayonnait soudain toute sa légèreté. Les fines bretelles qui dévoilait ses épaules, ne la protégeaient pas de cette brusque sensation et Calypso regretta d’avoir accorder sa confiance au soleil et de n’avoir pas pris de veste.
Elle porta son regard au visage de celui qui se trouvait à ses côtés. Il la regardait. Enfin, il la dévisageait plutôt. Il semblait vouloir lire en elle. Elle se rendit compte qu’elle le contemplait de la même façon. Dans son regard, elle devinait une profonde joie liée à cette rencontre. Elle tourna la tête.
Ses pensées l’emportèrent loin d’ici. C’était quelques années plus tôt. Elle avait fait la connaissance d’un jeune homme aussi charmant que celui qui se trouvait en ce moment même en face d’elle. Au fil du temps, ils s’étaient beaucoup rapprochés et entre eux s’était créée une grande amitié. Calypso raffolait de sa compagnie et lui accordait son entière confiance. Puis il l’avait trahi. Comme beaucoup d’autres. Elle s’était sentie profondément blessée, vidée et dépourvue de toute confiance en l’avenir. Mais quoi qu’il arrive, elle devait assumer son rôle de reine. Elle ressortit de cette dure expérience plus forte que jamais en honorant la célèbre citation « Tout ce qui ne me tue pas me rend fort ». Sans oublier de ruiner à jamais l’avenir de celui qui avait brisé ses croyances et espérances.
Elle chassa ce mauvais souvenir de ses pensées et accorda toute son attention au jeune homme qui la regardait et qui, elle en était certaine, ne la décevrait pas.

- Comment tu t'appelle ? Tu fait parti des LAMBDA non ? Tu aime beaucoup le dessin aussi n'est-ce-pas ? Et depuis quand es-tu ici ? Et...

Elle ne tenta même pas de camoufler sa stupéfaction. Elle avait souvent été au centre de l’attention mais jamais elle n’avait rencontré quelqu’un aussi curieux de découvrir qui se cache derrière cette apparence. Son visage jusqu’à là figé par l’étonnement se détendit peu à peu pour laisser place à un certain amusement. Le jeune homme paraissait aussi surpris qu’elle d’avoir été capable de dira tant en si peu de temps. Il guettait sa réaction avec une certaine inquiétude dans le regard qui provoqua le fou-rire de Calypso. La situation était finalement très comique. Quelques secondes plus tard, elle se rendit compte qu’il avait joint ses rires aux siens. Puis tel un long soupir de soulagement, il dit :

-Oh, cela faisait longtemps que je n’avais pas rit autant ! Ca fait un bien fou !

Son visage semblait à présent calme et détendu. Comme s’il avait guetté un danger et s’était rendu compte qu’il n’y en avait tout simplement pas. Ce garçon l’intriguait. Quand leurs yeux se croisèrent, elle lui sourit. Tout naturellement. Elle remarqua que le regard du jeune homme s’était perdu sur sa bouche. Il devait être dans ses pensées. Calypso était vraiment heureuse de cette rencontre. Elle retrouvait en lui l’expression d’un frère charmeur et protecteur dans les bras duquel elle pourrait se blottir. Puis elle repensa à ce qu’il venait de dire. Elle hocha la tête en signe d’approbation et répondit :

-Je suis entièrement d’accord, mais tout le monde n’est pas de notre avis.

Elle termina sa phrase en faisait un signe de la tête en direction de la bibliothécaire qui les fixait d’un œil mauvais. Puis, doucement, elle se pencha vers le jeune homme et lui glissa discrètement :

-Moi qui voulais entrer dans ces bonnes grâces, c’est raté !

Elle laissa échapper un petit gloussement moqueur et se redressa sur son siège pour ne pas plus attirer l’attention de celle qui les surveillait du coin de l’œil. Le garçon paraissait tout aussi amusé par la situation. Puis son regard se refit curieux de savoir avec qui il l’avait l’honneur de parler. Calypso le remarqua et sans plus attendre, lui répondit :

-Ok, fin du suspens. Je suis Calypso Van Kelly. Ravie de te rencontrer.