De you remember me ? || Pv Han

Le ciel était encore teinté de rose et de violet, mais se nuançait peu à peu. Le soleil venait à peine de se lever, et la légère brise était fraîche et ébouriffait les cheveux des gens s’aventurant au dehors. Très peu de gens étaient déjà levés ; seuls les matinaux où les gens préférant s’isoler étaient déjà levés. Il n’y avait que très peu de gens dans le gymnase, et les rares y pénétrants faisaient partie de la confrérie des Epsilon. Mais plusieurs personnes allaient aussi profiter des quelques heures de silence et de solitude dans le parc ou la laverie. Ils étaient rares, cependant…

Han s’étira ostensiblement, et sa chemise grise se souleva d’une vingtaine de centimètres, laissant apparaître un ventre plat et parfaitement musclé. Plusieurs filles allèrent jusqu’à pousser des cris de joie, mais le bel étudiant les ignora ouvertement. Le jeune homme n’avait que trop l’habitude de ce genre de réaction face à son physique que l’on ne pourrait autrement qualifier d’avantageux.

Il traversa le gymnase de son pas chaloupé et s’attira des regards énamourés de la part de plusieurs jeunes et jolies Cheerleaders. Parmi elles, il reconnu Louise ; Han lui adressa un sourire accompagné d’un clin d’œil et la jeune femme lui répondit par un signe de la main. L’étudiant continua à marcher et sortit du gigantesque stade. Aussitôt, la fraîcheur de l’air le pris au visage et il fronça le nez. Le vent faisait voleter ses cheveux noirs autour de son visage et s’engouffrait sous ses vêtements. Han frissonna mais continua à marcher en direction du bâtiment des Sigmas. Il était presque arrivé à son but quand un hurlement retentit, provenant du gymnase. Hum. Visiblement, un garçon s’était fait attaqué. Le jeune homme haussa les épaules et pénétra dans l’édifice relativement calme.

Il poussa la porte du salon, qui était vide. Mais la personne l’ayant occupé ne devait pas être partie depuis bien longtemps, car ‘empreinte de son corps se distinguait encore sur l’un des fauteuils. Han pénétra dans sa chambre et s’affala sur son lit, occupé à fixer le plafond. Décidément, cette occupation resterait toujours dans son cœur.

Au bout de quelques instants, il se releva et saisit un panier posé dans un coin de la pièce. La corbeille en osier contenait tout son linge sale ; pour la plupart des jeans, des chemises, des chaussettes et autres sous-vêtements. Avec un soupir, il ressortit de sa chambre, quitta à nouveau le salon et se retrouva dehors. Il reprit le chemin du gymnase, mais pour se diriger cette fois vers la laverie. En effet, les étudiants étaient tenus de porter eux-mêmes leurs affaires sales au lavoir. Ce qui impliquait traverser une bonne partie de l’université, se faire draguer par quelques Cheerleaders matinaux, et se retrouver la pièce blanche et austère où s’étalaient plusieurs machines à laver.

Une fois arrivé dans le gymnase, il vit que le petit groupe de garçons qui se faisaient des passes avec un ballon de basket étaient parti. Ce devait être l’un deux qui avait hurlé tout à l’heure.

Quelques instants plus tard, il se retrouvait dans la laverie. Une douce mélodie lui parvint aux oreilles ; il mit un temps avant de comprendre que c’était une jeune fille qui chantait. Han s’approcha un peu elle se mit à chantonner légèrement moins fort. En se penchant par-dessus une machine, il aperçut une silhouette gracile et une cascade de cheveux blonds bouclés tombant sur des épaules fines. Le bel étudiant laissa tomber son panier, qui émit un bruit pitoyable en heurtant le sol.

— Alyss ?

Etait-ce elle ? Des souvenirs lui revinrent en mémoire. Une jeune fille riant avec lui, la douce chaleur d’un après-midi d’été. Deux silhouettes allongées dans l’herbe et se tenant par la main. Han et Alyss. Cette dernière se détourna et vrilla son regard dans celui d’Han.

— Alyss… Je…

Etait-ce bien possible ?

Alyss chantonnait toujours. Peu être qu'avec chance, le nouvel arrivant l'ignorait. Bon d'accord, elle avait peu de chance que ça se passe comme ça. Elle chantonna un peu plus, en entendant le pas se rapprocher. D'ailleurs, où avait-elle appris cet air ? Elle l'avait entendu un jour, pendant l'un de ses flash back. Elle avait vu un groupe d'adolescents et cette chanson lui était venue en tête. Depuis, elle la chantait quand elle était seule. A vrai dire, ça pouvait faire très souvent. Une corbeille tomba au sol. Le nouvel arrivant était-il maladroit ?

- Alyss ?

Aïe, elle avait été reconnue. Elle se retourna et par principe elle lança une regard de feu glacé. Qui était-il pour lui parler ? Mais elle ne continua pas bien longtemps. Elle le connaissait. C'était un sigma de nom de Han. Il l'avait dragué, et surtout elle ne l'avait pas envoyé balader. Mais là c'était autre chose qui l'avait fait tiquer. Cette façon de l'appeler, elle la connaissait déjà. Mais d'où ? La salle était presque trop silencieuse depuis qu'Alyss avait arrêté de parler. Elle se leva et regarda droit dans les yeux. Qui es-tu ?

-Alyss… Je…

Soudain, il ne fut plus là. De l'extérieur le regard de la belle blonde s'était fait plus lointain mais pour elle tout avait disparu. Elle se retrouva dans un jardin et plusieurs scènes défilèrent. Deux jeunes gens allongés dans l'herbe qui riait, une jeune fille qui regardait un garçon assis d'ans l'arbre, puis une autre où elle se blottissait dans ses bras. Cette blondinette c'était elle : Alyss. Elle devait avoir environ 15 ans, pas beaucoup plus ou moins. Et puis ce jeune homme. Son visage... Han. Oui c'était lui. Il lui souriait comme un enfant sourit à un ami. Comme quelqu'un d'heureux et d'innocent. Mais comment se faisait-il ? Était-ce un souvenir ou un tour de son imagination ?

Elle rouvrit brutalement les yeux. Un rapide et discret coup d'oeil lui indiqua qu'il ne s'était écoulé que quelques secondes depuis qu'elle s'était levée. Sa tête lui tournait un peu. Un flashback. AU moins pour une fois, elle n'avait pas fini sur les fesses. Comment se taper la honte quoi ? Elle pencha un peu la tête sur le côté et détailla bien Han du regard. Oui, aucun doute c'était bien lui, il avait changé depuis son souvenirs. Elle aussi avait changé surement. Qu'est-ce qui les unissait avant ?

- Han ? C'est toi ?

Décidément, Alyss, on a vu plus intelligent comme question. Bien sur que c'est lui ! C'est Han, son Han... son ami. Celui avec qui elle avait partagé tant de choses. Pourquoi savait-elle ça alors qu'elle se souvenait de rien ? Peu être le devinait-elle ? ou simplement que ces différentes scènes n'étaient pas daté du même jour ? Comment le savait-elle ? très simplement, les deux jeune gens n'y étaient pas vêtus pareil ni coiffés pareil. A moins qu'ils aient fait des tours à la salle de bain entre deux, ils étaient fort probable que ce soit plusieurs jours différents.

Alyss sourit en remettant une mèches volante derrière son oreilles. Ca faisait assez gênée mais elle l'était. N'est-ce pas normal quand l'on se rend compte que l'on avait oublié un ami et qu'entre deux on a finit dans son lit ? Si, où si non faut être bizarre. Même si quand on est amnésique oublier les gens c'est pas anormal. Mais pas grand monde dans cette université savait qu'elle était amnésique, en fait personne ne le savait.

- Désolé

désolé de quoi ? Ah, oui, il ne pouvait pas savoir. Trop tard elle l'avait dis. Elle s'excusait de l'avoir oublié, d'avoir disparu... Elle s'excusait de l'avoir fusillé du regard, d'avoir voulu qu'il parte. Elle s'excusait car la gentille personnalité était de rigueur pour son ami, et presque que pour lui.

Oui, c’était bien Alyss ; comment ne pas reconnaître cette opulente chevelure blonde, ces yeux clairs ourlés de longs cils noirs, cette peau claire et parfaitement uniforme ? Alyss, amie d’enfance d’Han, revenait à la vie. Le jeune homme avait mille questions à lui poser ; pourquoi avait-elle disparue ? Pourquoi ne l’avait-elle pas reconnue tout de suite ? Que faisait-elle pendant tout ce temps, quand il voulait la retrouver ? Mais il ne les posa pas. Il préférait attendre un petit peu.

Les yeux de la jeune Omega se troublèrent, comme si un souvenir passait et repassait dans son esprit. Han ferma les yeux, tentant d’extraire de sa mémoire les moments que les deux jeunes gens avaient jadis partagés. Deux enfants courant dans un champ, riant aux éclats. La lumière déclinante d’un soir d’été. Le ciel se nuançant peu à peu. Une chevelure ébène se détachant nettement sur les blés arrivant à la taille des deux enfants. Un cri poussé d’une voix aigue, suivit de gloussements incontrôlables. Puis la vision changea.

Autour d’un feu, deux enfants. Le ciel était d‘un noir d’encre. La fillette était en train de raconter des histoires soi-disant effrayantes. Le garçon l’écoutait, ravi d’être en compagnie de son amie la plus chère. Les flammes dansaient dans l’air nocturne, et le vent les poussaient vers la fille, qui ne devait pas être âgée de plus de quinze ans. Ils étaient heureux. Ils étaient encore innocents. L’enfance est une belle chose…

Han secoua la tête et reporta son regard sur la vraie Alyss. Malgré toutes ces années, elle restait la même. Son visage était toujours aussi doux, et le sourire montait rapidement à ses lèvres.

— Han ? C’est toi ?

Ledit Han eu un léger sourire. Bien sûr que c’était lui. Cela lui paraissait tellement extraordinaire de retrouver son amie d’antan… Il avait envie de la prendre dans ses bras, de courir dans l’herbe humide, comme autrefois, de rire aux éclats, de partager des tranches de vie, de s’évader dans la forêt, d’être libre, sauvage, heureux. Malheureusement, ce temps était révolu. Mais les souvenirs persistaient, et permettaient à Han de retrouver leur complicité d’antan.

Alyss sourit en replaçant une mèche derrière son oreille. Bien que ce geste puisse témoigner d’une certaine timidité, le bel étudiant connaissait trop bien la jeune femme pour croire qu’elle était gênée.

— Désolé.

Han fronça les sourcils. Désolé de quoi ? D’avoir disparu pendant toutes ces années ? De l’avoir oublié ? De ne pas l’avoir reconnu ? Non, tout ça n’avait aucune importance. Le plus important, c’était qu’ils soient réunis. Qu’ils soient enfin ensemble.

— Ce n’est pas grave, Alyss.

Il passa une main dans ses cheveux, détendu, et sourit. Il se sentait si bien, en compagnie de cette ancienne amie, qu’il aurait pu faire n’importe quoi. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait libre. Libre, heureux et naturel. Il n’avait pas besoin de jouer le dragueur en manque, pas besoin de la séduire, pas besoin de falsifier son identité. Il était lui-même, et celui lui suffisait.

— Je suis tellement heureux de te revoir… Où étais-tu pendant toutes ces années ?

En voyant le visage d’Alyss se crisper, Han se demanda si il avait bien fait de poser cette question.

Alyss regarda Han. Oui, c'était son Han, son ami à elle. D'ailleurs, il avait l'air de trouver drôle qu'elle s'interroge sur si oui ou non c'était lui. Mais tellement de chose avait changé depuis la dernière fois. En fin pas la dernière mais celles d’avant. Elle avait perdue la mémoire, chose qu’il ne savait pas. Peu être était-ce pour ça qu’il avait l’air de trouver amusant qu’elle doutait de son identité. En même temps, ils avaient tous deux tellement changé. Alyss ne doutait pas qu’au fond ils restaient deux gamins un peu foufous sur les bords. Physiquement, il avait changé. Il avait pris de l’assurance, des épaules et des traits d’homme. Et elle ? Avait-elle tant changé ? Elle eut une soudaine envie de se jeter dans ses bras mais se retint. Pourquoi fronçait-il les sourcils quand elle dit qu’elle était désolée ? Il ne savait pas, c’était pour ça. Il devait se douter peu être de la raison de ses excuses mais il ne savait pas. Pour lui, son amie avait juste mystérieusement disparue et réapparue à Roosevelt University.

-Ce n’est pas grave, Alyss.

Elle lui sourit heureuse. Il lui pardonnait donc, peu être même qu’il lui avait déjà pardonné ? Oh, Han ! Pourquoi fallait-il qu’elle ait tout oublié ? Qu’elle est perdue tous les bons moments qu’ils avaient partagés ensemble ? Elle passa sa main dans son dos pour la mettre dans sa poche. C’est à ce moment qu’elle se rendit compte qu’elle était toujours en justaucorps. Une fille normale aurait rougie mais Alyss n’était pas une fille normale et c’était Han. Elle savait très bien qu’il l’avait vue dans des tenues moins décentes, avant comme maintenant. Il lui sourit et elle ne put que lui rendre. Un vrai sourire sincère pas un de ces petits rictus moqueurs qu’elle servait à ceux qui osait venir l’embêter. Elle avait une notion de l’embêtement qui lui était très personnelle.

-Je suis tellement heureux de te revoir… Où étais-tu pendant toutes ces années ?

Alyss se crispa. Que dire, elle-même n’était pas sure d’avoir la réponse à sa question. Et puis, elle n’était pas sure d’avoir envie d’en parler. C’était un peu son secret, son histoire pas celle des autres. Personne ici ne savait, elle dans un sens elle ne voulait pas que ça change, dans l’autre elle voulait en parler et se confier surtout à Han. C’était son histoire mais aussi celle du SIGMA. C’était lui qui avait perdue son amie, qui l’avait surement cherché mais qui n’avait pas pu l’avoir au près de soi. Elle se retourna, lui tournant le dos et monta sur une machine à laver. Elle s’assit les jambes dans le vide, les balançant d’avant en arrière. Du revers de la main elle s’essuya les yeux qui étaient un peu humide. Elle sourit à son ami.

-Moi aussi je suis heureuse de te retrouver. Je serais toi je m’installerais confortablement si tu veux savoir.

Elle passa une main dans ses cheveux, et s’éloigna de la laverie l’espace d’un instant. Elle se rappela les premiers jours à l’hôpital, sa famille d’adoption, sa découverte du sport, les flashs back, les rendez-vous chez le psychologue. Oui, elle-même ne savait pas vraiment ce qu’était la réponse. Elle revoyait cette route, ou plutôt autoroute, et cette marre de sang. Elle ressentait encore la brulure du soleil sur sa peau. Alyss réintégra la laverie en souriant. Elle se rappelait néanmoins de certaines choses comme de son ami.

-J’ai eu un accident. Je sais ni quoi ni comment, juste que je me suis réveillée à l’hôpital. On m’a peu être cherché, ou peu être pas, mais on ne m’a pas trouvé. Je ne me rappelle de rien, rien de concret. Juste des images, des sons avec lesquels je fais le rapprochement. Malgré ça, tu m’as affreusement manqué, même si je ne savais pas que c’était toi.