Tell me why I love you so much... [Pv Sahelie]

Un bipement aigu et lancinant retentit dans la pièce exiguë plongée dans une semi obscurité et vrilla les tympans d’Han. Un grognement sourd monta dans sa gorge, exprimant son mécontentement.

– Foutu réveil, grommela t-il d’une voix rauque.

Il se redressa dans son lit et ses doigts se refermèrent sur son portable continuant d’émettre ce lancinant « bip-bip ». D’une simple pression, il l’éteignit et le laissa choir sur le sol.
Ses yeux étaient brûlants et ses mains ruisselaient de sueur ; la chaleur de la petite chambre aux murs peints en blanc était insoutenable. Han chassa une mèche sombre lui brouillant la vue et roula sur le dos, les bras croisés derrière sa nuque. Il fixa intensément les lézardes au plafond, jusqu’à n’apercevoir plus que des taches de lumière tremblotantes.

Sa gorge était désespérément sèche et son estomac vide gargouillait, exprimant son mécontentement ; toutefois, le jeune homme ne prêta pas attention aux signaux de détresse que lui faisaient parvenir son corps. Ce matin, ses cours ne débutaient qu’à dix heures, avec une heure de japonais. Han avait pour idées de rechercher une innocente jeune fille pour lui tenir compagnie la nuit prochaine. En effet, cela faisait un certain temps qu’il n’avait plus attiré de jolies demoiselles dans sa chambre. Depuis son arrivée à l’université, en fait. Aujourd’hui, tout cela allait changer.

Han se mit debout et la couverture immaculée tomba sur le sol recouvert de moquette ; le garçon ne pris pas la peine de la remettre sur son lit. Quelqu’un d’autre s’en chargerai. Le jeune homme s’approcha de son miroir qui lui renvoya l’image d’un grand jeune homme à la peau mâte et aux yeux sombres soulignés par de gros cernes. Ses cheveux noirs étaient hirsute et lui tombaient sur le front ; il passa une main dedans, tentant de les remettre en ordre. En vain. Jetant un dernier coup d’œil à son magnifique reflet, il s’adressa un petit sourire en coin. Puis il se détourna et se dirigea vers la penderie où étaient entreposés tous ses vêtements. Il ouvrit les portes d’un coup sec et plongea ses bras dans l’armoire. Ses doigts se refermèrent sur un pantalon moulant de couleur grise, et il saisit une paire de Docs noires. Cela ferait l’affaire ; Han préférait rester torse nu, car la chaleur dans le salon des Sigma était insupportable. Il se débarrassa rapidement de son vieux survêtement qui faisait office de pyjama et se vêtit en un tournemain.

Il se dirigea vers le salon ; il était désert. Tant mieux, un peu de solitude lui ferai le plus grand bien. Han ramassa son walkman resté sur le sol et posa le casque noir sur ses oreilles.

C’est un miracle que Lorènn ne me l’ai pas pris, pensa t-il ironiquement.

Son doigt enfonça la touche « play » et le jeune homme s’assit confortablement dans un fauteuil.

“I know it’s really hard to see
That we are the enemy
Of the earth…”

La voix chantante de Daron Malakian déferla dans ses oreilles, lui interdisant toute pensée. Il entendait les hurlements déchaînés du batteur qui frappait de toutes ses forces sur la grosse caisse. Il agitait la tête, en rythme avec les notes s’échappant de la guitare.

Un doux rayon de soleil caressa la joue d’Han, qui sourit. Ses yeux se posèrent sur la porte d’entrée, et ses yeux s’agrandirent de stupeur. La poignée s’inclina d’environ deux centimètres. Le jeune homme éteignit son baladeur et le laissa tomber par terre.

Ce doit être Kinji ou Lorènn qui rentre d’un cours, songea t-il, l’esprit en ébullition.

Toutefois, il doutait qu’un Sigma vienne s’enfermer dans le salon par un temps pareil ; qui pouvais-ce bien être ?

Han se leva de son fauteuil, puis se rassit aussitôt. Pendant ce temps, la poignée se baissait, lentement, inexorablement. Bientôt, la personne entrerai. Le garçon passa une main dans ses cheveux et inclina légèrement la tête sur le côté, pour avoir un meilleur angle de vue pour détailler l’individu.

La porte s’ouvrit sans un grincement ; un léger sourire éclaira le visage d’Han. Un joli visage mangé par deux grands yeux bruns passa timidement dans l’ouverture, puis une silhouette gracile pénétra dans la pièce en refermant le battant derrière elle.

C’était une fille.

Han avait déjà dû la croiser auparavant ; elle faisait partie de la confrérie Bêta. Le jeune homme se leva et s’approcha d’elle, un sourire qu’il savait irrésistible accroché à ses lèvres. La fille était plus petite que lui, et son corps était mince et élancé. Han la jaugea du regard ; ce qu’il vit lui plût beaucoup. Des boucles noires et soyeuses retombaient en cascade sur les épaules de la jeune fille ; un nez fin et droit était posé au milieu de sa jolie figure ; et sa bouche semblait être une fleur sanglante posée sur sa peau claire.

Han cligna plusieurs fois des yeux. Qu’est-ce qu’une Bêta faisait dans le salon des Sigma ? Enfin, après tout, il n’allait pas s’en plaindre ; il n’avait pas à chercher la demoiselle qui lui tiendrait compagnie la nuit prochaine. La fille leva soudainement les yeux vers lui, et son regard transperça le séducteur comme jamais auparavant. Ses prunelles étaient d’un brun profond, parsemés de paillettes d’or. Ses longs cils noirs dessinaient une ombre parfaite sur ses pommettes.

Han fit un pas en arrière. Ce regard semblait si pur, si beau… Il se refusait à l’idée de souiller une âme encore blanche. Il n’était pas cruel.

– Bonjour, fit-il de sa belle voix rauque.

Il saisit la main délicate de la demoiselle et l’effleura de ses lèvres ; ce contact déclencha des frissons dans tout son corps. Il refoula l’émotion grandissante dans un coin de son cerveau. Il y reviendrait après.

– Comment t’appelles-tu, ma belle ?

La jeune fille rougit et baissa le regard, fixant ses petits pieds.

– Oui… Bonjour… Je… Sahelie et toi ?

Han sourit devant l’adorable confusion de la demoiselle. Sahelie.

Un joli prénom pour une jolie fille, pensa t-il, amusé.

Sahelie sembla soudain se rendre compte que sa main était toujours dans celle du jeune homme, et elle la retira un peu trop vivement pour être honnête. Elle baissa la tête, attendant visiblement une réponse.

Les entrailles d’Han s’envolèrent quand Sahelie releva les yeux vers lui. Une flamme jaillie des tréfonds de son âme atteignit son cœur, l’enveloppant d’une douce chaleur. Le jeune homme n’avait jamais ressentit cette émotion auparavant ; enfin, si. Une fois. Mais il se répugnait à y penser, et ne voulait pas croire que ce soit cela. C’était un prédateur, et Sahelie était sa proie. Les lions ne laissent pas de chance aux gazelles, les aigles ne tergiversent pas devant un mulot. Un playboy n’hésite pas à séduire une fille. Et pourtant…

– Han.

Un seul mot, un nom lancé d’une voix grave, déchirant le silence tendu entre eux.

– Han Edgar Adams, à votre service…

Les bonnes vieilles habitudes revenaient enfin. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres, et il posa doucement une main sur l’épaule de Sahelie.

– Assied toi, Sahelie.

Plus qu’un ordre, c’était une supplication. Han n’avait pas pu gommer cet accent suave et séducteur qu’il prenait d’habitude.

Tais-toi, conscience, tais-toi…

Le jeune homme s’enfonça dans un fauteuil et Sahelie fit de même. Elle ne détachai pas ses yeux du visage d’Han, qui en ressentit une profonde satisfaction intérieure. Il tendit un bras et saisit à nouveau la main de la jeune fille, qui ne la retira pas. En revanche, ses joues claires se colorèrent d’une jolie couleur rosée et elle se mordit la lèvre inférieure. Elle paraissait douce et sensible ; elle devait se demander pourquoi elle ne s’enfuyait pas à toutes jambes au lieu de suivre Han dans son petit jeu. Car dans l’histoire, c’était lui le chat. Et la Sahelie était la petite, la minuscule, la fragile sourie qui allait bientôt tomber dans le piège du Sigma.

Han sourit. C’était bien la preuve que personne ne lui résistait, même les plus timides. Il était un séducteur né, il faisait simplement son travail. Pourtant, la flamme était toujours là, lovée dans sa poitrine… Il secoua la tête, chassant ces pensées idiotes, et reposa les yeux sur le visage de Sahelie.

Elle était décidément très belle, bien plus belle que toutes les filles qu’Han avait croisé jusque là. Sa figure alliait douceur et timidité, autorité et assurance. Ses yeux pétillaient sans cesse, démontrant son caractère juvénile, mais ses sourcils restaient tristes. Sa bouche aimait sourire ; et Han aimait voir Sahelie sourire.

Son beau visage était encadré par une cascade de boucles ébène. Le jeune homme aurait tant voulu passer la main dedans, pour apprécier leur douceur, il aurait tant voulu porter une mèche à ses narines, pour sentir leur parfum…

Arrête de penser à ça. Ce n’est qu’une fille, après tout.

Il avait déjà ressentit ce sentiment une fois auparavant ; et la fille l’avait blessé, détruit. Il n’avait plus jamais tenté l’expérience. Et voilà, au moment où il pensait ne plus jamais avoir d’émotion semblable pour quiconque, qu’il rencontrait Sahelie.

Une fille. Une proie. Elle passera la nuit dans ton lit, et c’est tout. Tu ne la reverras plus, après ça.

Fort de ses résolution, Han sourit doucement ; Sahelie rougit à nouveau mais soutint son regard.

– Tu es très jolie, tu sais…

Et voilà. Son plan de drague était en marche. Elle allait succomber, et il l’aurait. Pour lui seul…

Sahelie… Sahelie… Sahelie…

Son prénom tournait dans sa tête, tel une ronde insidieuse, tel un sifflement malsain. Mais Han ne pouvais s’en empêcher. Il ne se demandait plus pourquoi son cœur battait à toute rompe ; pourquoi sa gorge était sèche, et pourquoi ses entrailles s’étaient brusquement volatilisées. Non, rien de tout cela. Il se demandait juste pourquoi Sahelie ne se rendait pas compte de ce qu’il ressentait… Il se maudit intérieurement. Non, aucun sentiment ne viendrai troubler sa paix intérieure. Non, il n’était pas… amoureux ? Est-ce bien cela qu’on dit ? Et non, Sahelie ne représentait rien pour lui. Rien du tout. Enfin, si, mais juste un petit peu. Un tout petit peu… Alors, il allait reprendre la bonne vieille théorie du dragueur en manque.

C’est alors que, fort de ses résolutions pour le moins idiotes – à moins que ce ne soit parce qu’il était sous l’emprise de la douce flamme enveloppant son cœur ? – il sortit la déclaration qui allait sceller son destin. Han, dans un élan de sincérité incompréhensible, lui dit qu’elle était belle. Là, il n’eut pas le temps de se rendre compte de ce qu’il venait de faire que la réponse de la demoiselle fusait déjà.

– Pas autant que toi...

Han sentit son cœur tomber comme une pierre dans sa poitrine et sa gorge commença à le brûler. Le cœur du jeune homme se serra quand les joues de Sahelie s’empourprèrent. Alors, partageait-elle ses sentiments ? Etait-elle autant attirée par lui qu’il l’était par elle ?

Je ne m’étais jamais posé autant de question d’un coup, songea t-il avec amusement.

Mais au fond de lui, il avait peur de ce que cela représentait. Peur de ressentir vraiment quelque chose de dangereux et vertigineux. Peur d’être vraiment amoureux de la belle… Sahelie lui adressa un timide sourire ; aussitôt, la flamme se raviva et son cœur revint à sa place, plus hardi et enflammé que n’importe quand. Le jeune homme comprit alors qu’il ne pourrai pas se battre contre ses sentiments pendant encore longtemps ; mais il ne perdrai pas la partie. Il ne voulait pas perdre le Jeu.

– Je… merci, Sahelie. C’est très gentil.

Et voilà, il commençait à bégayer. Pitoyable. Mais au moins, il avait le mérite d’avoir été poli. Sauf qu’un nouveau sourire éclaira le visage de Sahelie et que ses yeux bruns le happèrent à nouveau.

Oh mon Dieu, aidez-moi !

Han n’avait jamais été croyant, mais dans ces circonstances là, il n’aurait pas craché sur un peu d’aide de la part du divin. Han cru que son cœur allait exploser de la voir ainsi, si belle et figée, juste en face de lui. Son cœur tambourinait de toutes ses forces dans sa poitrine, et sa gorge était parcheminée à un point quasi-inimaginable. Mais bien sûr, Sahelie ne pouvait rien savoir de tout cela. Elle, elle devait le prendre pour un vulgaire playboy, pour un garçon qui n’aimait rien d’autre qu’attirer les filles dans son lit. Elle devait le détester. Mais alors, pourquoi continuait-elle à le regarder sans ciller ? Pourquoi ses joues s’empourpraient-elles ? Pourquoi n’avait-elle pas retirer sa main de celle du garçon, depuis tout ce temps ?

Han n’aurait jamais pensé que tomber… amoureux ? Si c’était bien cela qu’il ressentait – était si douloureux. Il avait toujours considéré l’amour, le vrai, comme un sentiment merveilleux, quelque chose nous donnant une raison de vivre.

Là, ça me donne plutôt une raison de mourir, songea t-il ironiquement.

Sahelie le fixa d’un regard interrogateur, la tête légèrement penchée sur le côté. En la regardant, Han éprouva une curieuse sensation de… de quoi, en fait ? Il avait juste envie d’être avec elle – ce qu’il faisait en ce moment même, d’ailleurs – de l’embrasser, la toucher, la sentir… Et ce n’était pas juste une poussée hormonale.

Le bel étudiant pris une grande inspiration et ouvrit la bouche.

– Sahelie… Je…

Mais comment lui dire à elle alors qu’il n’était pas encore prêt pour se le dire à lui ? Non, c’était idiot. Aussi il se renfonça dans son siège et son sourire s’effaça. Il vit l’air intrigué de Sahelie devant son état plus que déplorable, mais il ne fit rien. Il enfouit son visage dans les mains, effaré. Il perdait pied. La jeune femme devenait maître, et le playboy marionnette. Sauf que ce n’était pas censé se passer comme ça. Dans le scénario originel, il séduisait l’étudiante, l’attirait dans son lit, passait une nuit de bonheur, et au lendemain matin, basta ! Sauf que les dés du destin s’étaient joués de lui. Pour la première fois, son sort lui avait fait défaut. Il devenait la proie, et Sahelie le prédateur. Quelle situation incongrue ; Han n’avait jamais laissé une seule fille lui échapper. Sauf que là, c’était différent. Mais pourquoi ? Parce que les yeux de la belle étaient si troublants ? Parce que son ravissant accent était si… exotique ? Ou bien tout simplement, parce qu’elle était beaucoup plus jolie que la moyenne ? Mais au fond de lui-même, le bel étudiant savait que non. Ca avait été beaucoup trop rapide, beaucoup trop brusque à son goût. Il aurait voulu pouvoir chasser Sahelie, lui dire de partir. Il aurait voulu ne pas la blesser, savoir quoi faire. Il aurait voulu faire connaissance avec elle, au lieu de la prendre dans ses filets…

Soudain, une main fraîche et douce se posa sur la sienne. Han écarta les bras et fixa la jeune femme. Elle le regardait avec une surprenante douceur. Le beau Sigma sentit une bouffée de chaleur monter dans sa gorge ; ses entrailles se remirent à leur place habituelle, de même que son cœur.

– Sahelie… je crois que…

Ce fut comme si une main invisible s’était posée sur la bouche d’Han, l’empêchant de continuer. Sentant qu’il ne pouvait en dire plus, il se redressa et passa une main dans ses cheveux ébouriffés.

A Sahelie de deviner la suite, maintenant. Elle avait l’air intelligente, elle ne devrait pas avoir trop de mal à comprendre le jeune homme…

Le cœur d’Han battait à toute rompe. Un seul mot de Sahelie, et son destin basculerai d’un côté ou d’un autre. Pour le moment, il se sentait comme un grec se balançant effrontément au dessus du Styx, attendant de savoir s’il pourrai rejoindre le monde des vivants.

La jeune femme s’approcha de lui et saisit sa main entre ses doigts. Elle posa sur sa joue et ferma les yeux ; un magnifique sourire vint éclairer son visage. Les deux étudiants restèrent ainsi durant plusieurs minutes, jusqu’à ce que Sahelie rouvre finalement les yeux. Han se sentit perdre pied à nouveau. Il n’avait jamais perdu la partie à ce point. C’était la belle qui menait la danse, à présent. Elle ouvrit la bouche et une phrase prononcée d’une voix mélodieuse rompit le silence tendu qui régnait entre eux.

— Je sais, Han. Moi aussi.

Le bel étudiant cru voir la porte du paradis s’ouvrir, et un ange s’avancer vers lui. Sauf que son ange, à lui, c’était Sahelie. Maintenant, il n’y avait plus de honte à le dire ; il l’aimait. Et alors ? Si aimait était juste ce sentiment ardent, ce fait de sentir son cœur fondre dans sa poitrine à chaque fois que l’on croise l’être aimé, pourquoi est-ce un sujet tabou ?

Han sentit soudain un énorme poids libérer ses épaules ; il était libre, maintenant. Il regarda Sahelie avec un sourire tendre. La belle jeune femme se leva, le regard toujours vrillé sur l’étudiant. Ce dernier se leva également, et se planta face à sa dulcinée. Elle devait avoir un lien de parenté avec Vénus pour pouvoir refermer une telle beauté en un seul être. Han avait un besoin irrésistible de la prendre dans ses bras, d’humer avec délice son parfum, de caresser chaque parcelle de sa peau, d’embrasser sa bouche qui semblait si douce…

Aussi il fit un pas vers elle et posa délicatement une main sur sa joue. Il caressa lentement son visage, sans cesser de la regarder. Il écarta une mèche sombre qui balayait son visage et joua avec ses cheveux si doux. Sahelie ne rougissait pas ; était-ce bon signe ? Malgré le fait qu’Han soit un séducteur accompli, il n’avait une très grande expérience en matière de l’amour, le vrai. Puis il prit sa bien aimée dans ses bras et embrassa délicatement son front. Elle sentait l’herbe fraîchement coupée, les draps propres étendus au soleil, les vagues éclaboussant les pieds des enfants rieurs, le jus suave et fruité d’une pomme écarlate, le vent frais du matin bruissant dans les arbres. Elle sentait le bonheur.

— Un proverbe anglais dit ; « L’amour, ce n’est pas trouver quelqu’un avec qui vivre, mais quelqu’un sans qui on ne peut pas vivre. »

Il s’accorda une pose avant de continuer, et fixa le visage de Sahelie, un doux sourire accroché à ses lèvres.

— C’est exactement ce que je ressens en ce moment même.

Son cœur battait si fort qu’Han cru qu’il allait s’échapper de sa poitrine. En voyant les yeux de sa dulcinée se brouiller, tout son être sembla se liquéfier. Elle était si belle, ici, dans ses bras, prête à pleurer…
Soudain, comme un accès d’adrénaline déferlait dans ses veines, il se pencha vers elle et posa ses lèvres sur les siennes. Ce contact le fit frissonner. Il l’aimait. Il aurait voulu le crier à la terre entière ; il aurait que tout le monde soit au courant de son amour pour la belle. Mais en même temps, il voulait garder ce sentiment comme un secret, niché au fond de son cœur.

Ce dernier parut exploser quand Sahelie lui rendit son baiser. Certes, Han avait embrassé bien des filles avant elle, mais entre embrasser une fille pour le plaisir et embrasser une fille que l’on aime, tout est différent, n’est-ce pas ?

Le jeune homme caressa ses cheveux, frôla son visage, dessina le creux de sa nuque et épousa la rondeur de ses fines épaules. Il l’embrassa jusqu’à en perdre le souffle, jusqu’à ne plus pouvoir regarder autre chose que Sahelie.

Han ferma un instant les yeux, pour mieux goûter la douce sensation que lui procurait ce baiser. Quand il les rouvrit, une nouvelle vie s’offrait à lui. Un seul mot, un seul nom parvenait à tracer son destin ; Sahelie. Elle. Il l’aimait…

Sahelie se hissa sur la pointe des pieds et Han crut sentir son coeur exploser. C'était si chaud, si doux, si réconfortant... Il aurait put traverser le monde, franchir rivières en furie, faire n'importe quoi, du moment que sa sulcinée était avec lui. Il n'avait jamais considéré l'amour comme ça, auparavant. Il croyait que c'était dur, douloureux, et que ça finiqqait inévitablement mal. Là, il était presque au point où l'idylle est telle que l'on voit des lapins roses gambader dans une herbe bleue chewing-gum avec des oiseaux qui pépient dans le ciel. Oh, certes, cette pensée était idiote. Mais Han ne sentait que la bouche de Sahelie contre la sienne, le creux de sa taille contre son bras, et un doux rayon de soleil balayant sa joue et illuminant les boucles sombres de la jeune femme qu'il aimait. Il était bien. Il était amoureux.

Han sentit son aimée se hisser sur la pointe des pieds et lui rendre son baiser avec une ferveur innattendue. Une petite main passa dans ses cheveux noirs un bras gracile saisit fermement sa taille. Ils étaient enlacés, baignés par la lumière d'un rayonnant soleil d'été. Le jeune homme caressa doucement les cheveux de Sahelie, appréciant leur chaleur et épousant la forme de ses épaules rondes. il aurait voulu rester ainsi pour toujours. Comment avait-il simplement pu penser faire du mal à la fille qu'il aimait ? Non, c'était impossible. Il avait tellement honte d'avoir eu des intentions si malsaine à son égard...

Ca y est, les oiseaux chantaient véritablement. Un concert chantant et pour le moins agréable ; mais Han n'aurait pu qualifier quelque chose de désagréable en ce moment même. Les deux mains de Sahelie étaient glissées dans ses cheveux noirs, ses lèvres si douces étaientposées sur les siennes, et il l'aimait. C'était tout, et une force qui paraissait inépuisable grandissait dans son coeur au fur et à mesure que l'intensité du baiser de son aimée grimpait sur l'échelon de l'amour. Il ne parvenait plus à penser, ne pouvait plus se décoller de sa dulcinée. Il pensait qu'eux deux ne faisaient qu'un et que personne ne pouvait les séparer. Il se sentait léger, si léger et heureux...

Sahelie rompit leur baiser et ses deux poetites mains enserrèrent le visage d'Han. Ses yeux étaient brillants, ses joues écarlates ; elle n'en paraissait que plus belle. Le jeune homme ne voyait qu'elle, ne sentait qu'elle, n'aimait qu'elle. Son aimée plaqua ses deux mains contre le torse de l'étudiant et le poussa dans le fauteuil. Elle s'accroupit devant lui et sa bouche s'entrouvrit légèrement sur un sourire. Son haleine était si fraîche, si douce... Elle était si belle et si... si Sahelie ? Oui, ce devait être ça.

- Je t'aime...

Son ton était si douce et si suave qu'Han ne put contenir ses sentiments. Il explosa littéralement. Aimer. Amour, amoureux, aimer. Je t'aime, tu m'aimes, nous nou aimons ; amour. Prendre dans ses bras, respirer, embrasser, aimer. Vivre, être, aimer. Ils s'aiment. Peux-tu me dire je t'aime ? Tu l'aimes, elle t'aime.... Amour. Tout simplement.

Les lèvres de Sahelie se posèrent à nouveau sur celles d'Han. Ce dernier ne pouvait se résoudre à rompre leur baiser, mais une phrase lui brûlait les lèvres. Il se laissa pourtant aller dans les bras de sa dulcinée. Au bout de quelques minutes, ce fut elle qui brisa leur urnion, l'ardente union de leurs deux corps. Elle posa doucement sa tête sur l'épaule du jeune homme et ce dernier se mit à lui caresser à nouveau les cheveux. Il l'installa sur ses genoux et un doux sourire se peignit sur ses lèvres.

- Je t'aime aussi. Pour toujours...

Han ferma à nouveau les yeux, et, pour la première fois, laissa ses larmes ruisseller librement sur ses joues mâtes. Il était heureux.